Blazing Skies

 


Ohh! Une photo du jeu comme page titre! Que c'est beau!

La Super Nintendo était une console qui permettait à l'imagination des créateurs de jeux de satisfaire leurs rêves. Loin des limites imposées par l'antique NES, sa grande soeur avait une capacité d'affichage et de son qui permettait de combler tous les désirs créatifs de nos grands fous de développeurs. Par exemple, Shigeru Miyamoto s'était dit "Tiens, ce serait marrant de faire monter Mario sur un dinosaure", et nous avons eu Yoshi. C'était une idée qui traînait déja depuis Mario 1 mais qui était irréalisable à l'époque. Mais il ne fut pas le seul à mettre ses idées en pratique! Par exemple, des obscurs développeurs anglais se dirent "Ce serait sympa d'essayer de créer un jeu en 3d pure!", et on a eu Starfox. Quelque part d'autre, certains se sont dit "Il serait temps de rajeunir notre mascotte fétiche", et Megaman X est né. Même, certains se dirent "Hey, si on essayait de faire un jeu encore plus douloureux qu'un séjour chez Satan?" et Bebe's Kids est né. Mais je m'emporte là.
Le problème, c'est que certains voyaient encore trop loin dans le futur. Prenez par exemple Pilotwings. Il avait été sacré comme "super jeu de simulation d'avions, de jetpack et tout", alors que toute personne qui était une fois montée à bord d'un de ces engins pouvait savoir qu'il n'en était rien. Enfin personnellement, je pense toujours que jouer à Pilotwings est aussi amusant que de se mettre la main dans un mixer, mais c'est une autre histoire.
Arrivent les développeurs de Blazing Skies. Alors eux, c'est clair, ils veulent retranscrire l'ambiance des duels aériens de la Première Guerre Mondiale, avec le maniement délicat des avions et tout. Enfin ça c'est la théorie, et dans le cas de Blazing Skies, passer de théorie à pratique s'apparente à se rendre compte que ce n'est pas votre petite amie qui vous sussurait des mots doux à l'oreille pendant cette nuit, mais que c'était en fait un cheval avec de la diarrhée qui s'était glissé à côté de vous. C'est pas appétissant.

La première (et dernière, j'espère) prise de contact avec le jeu est pour le moins curieuse, dans le sens "C'est curieux de voir que l'humanité est capable d'immondicites pareilles". Déja, comme le jeu est une simulation, les développeurs se sont dit que c'était pas la peine d'essayer de faire une interface qui ressemble de près ou de loin à quelquechose de joli, et nous ont dégueulé un bon fond bleu avec du texte dessus. Bon, c'est pas grave, c'est un jeu sérieux alors on leur en voudra pas. De toute façon ils sauvent de la mémoire sur la cartouche pour en faire un super jeu? Non? Non? Répondez-moi bon sang!
Bon, j'arrive sur l'écran de sélection des pilotes, et à ma grande surprise, ils ont tous des noms sensés donner "authentique", genre François Leblanc, Pierre Richard, John Doe, j'en passe et des meilleures. En plus, ils ont chacun leur propre biographie et photo:


Traduction:
A quitté le Canada pour voler pour la R.A.F
Ses techniques de combat reflètent un intéret soutenu pour la chasse.
Dans son temps libre, il viole des canards.
(ok y'en a une que j'ai inventée)

Là, on se sent déja moins confiant. Le gars nous vient du CANADA, et c'est de ce pays que nous arrivent Pierre Bellemarre et Celine Dion, ce qui nous laisse augurer le pire. En plus, il semble être un accro de la chasse et des jeux débiles genre Deer Hunter. Notez aussi sa petite moustache fine, qui le rend encore plus suspicieux. Ben vous savez quoi? Vous allez l'occasion de l'incarner! YAHOO!
En fait le système de pilotes est assez simple. Vous choisissez l'un de ces authentiques loosers, puis au fur et à mesure des missions, vous gagnez de l'habileté que vous pourrez répartir dans plusieurs capacités. Comme ça, à la fin, vous aurez toute une petite troupe de perdus surentraînés, formidable non? Ben euh... le hic, c'est qu'ils commencent tous au niveau "tanche" (un niveau qui représente probablement celui de designers du jeu, soit dit en passant). Donc ils volent comme des oiseaux aveugles, ont la gâchette aussi précise que celle d'un pingouin avec une mitraillette, savent pas réparer leurs avions et ne savent pas résoudre les mots croisés de "Mickey Parade". Mener cette petite bande de dégénérés à la gloire sera aussi facile que d'écouter la chanson "Murder on the Dancefloor" sans s'enfoncer un tournevis dans l'oreille. Du challenge en perspective quoi! Mais commençons une petite mission avec Marcel Leblanc, histoire de voir...


Regardez! Je vois ma maison! Je vois ma m... ARGH! *BOUM*

Une fois dans le cockpit (aménagé en cerceuil pour l'occasion, je suppose), il est temps de se familiariser avec les commandes du coucou, ce qui équivaut à peu près à se familiariser au pistolet que l'on va se poser sur la tampe. En fait, comme le jeu est "réaliste", les commandes se font aussi de cette manière, et donc les manoeuvres possibles sont les suivantes:

-Ne pas bouger: C'est le meilleur moyen de survivre. Le seul problème c'est que pendant qu'on fait ça, l'ennemi vole tel Kid Icarus et vous descend. Non, va falloir apprendre à manoeuvrer ce truc. Ah, je crois que on perd légèrement de l'altitude aussi.

-Tourner à gauche/droite: En faisant cela, l'avion se penche dans la direction désirée et donc n'a plus une stabilité optimale. Résultat: vous perdez de l'altitude et tombez.

-Monter: Si vous pensez que votre altitude n'est pas assez élevée, vous pouvez toujours faire cela: le nez de votre avion va pivoter vers le haut, mais comme l'air passe plus facilement quand votre machin est à la verticale, vous plongez et perdez de l'altitude. Au moins, vous pourrez dire que vous avez essayé.

-Descendre: Le nez de l'avion pivote vers le bas, et SURPRISE! vous perdez de l'altitude!

-Enlever les gas: Euh.. vous perdez de l'altitude et vous broutez à coup sûr. Mais au moins vous aurez économisé de l'essence.

C'est ainsi que la methode de combat habituelle dans Blazing Skies est très spéciale: on tourne en rond comme un chien enragé, essayant frénétiquement de descendre l'ennemi avant le crash inévitable de votre appareil. Ma foi, je vous avais prévenu de pas incarner des pilotes victimes du syndrome de Down! Mais cette technique marche bien quand un seul avion vous oppose. Mais dès qu'il y'en a plus, vous pouvez être sur de tomber par terre tel le Coyote dans "Bip Bip" sans avoir eu le temps d'admirer le paysage (qui est moche, donc vous loupez pas grand chose).
Bon, j'exagère peut-être un peu, passke il existe un moyen de PAS éclater son avion constemment: il suffit d'être SUPER doux avec les contrôles, genre juste tapouiller sur gauche quand on veut vaguement aller dans cette direction. Mais évidemment dès qu'il s'agit de viser un ennemi, vous aurez le temps de lire la Bible, ranger votre chambre, finir Animal Crossing, créer un parti politique Neo-Nazi et vous faire un café avant que l'adversaire en question ne soit à distance de tir. Franchement, je vous recommande de vous écraser tout de suite, vous souffrirez moins.


Une illustration du bombardement. Vous voyez le petit truc minuscule sur la photo? C'est votre cible. Si vous la loupez, BUJUJU I HOPE YOU'RE PROUD OF YOURSELF!

Non content de nous offrir un gameplay aussi raffiné que la cuisine du resto-route du coin, Blazing Skies va encore plus loin dans la catégorie "abus de joueur". Je vous présente les missions de bombardement! Alors le principe est simple: au lieu de duels d'avions, vous allez devoir mettre hors d'état de nuire des installations ennemies, généralement minuscules. En fait, il y a deux versions de cet évènement:
- Celle vue d'en haut: on contrôle l'altitude et la radius "gauche/droite" de l'avion, un peu comme dans la mission chiante en hélico à la fin de Pilotwings. "Cool" vous me direz, "l'avion doit être plus maniable comme ça!". En effet, il se contrôle beaucoup plus facilement. Mais heureusement que les concepteurs ont pensé à tout: au lieu d'une mitraillette ou d'une arme efficace, on vous a donné des ballons à eau explosifs qui mettent deux heures avant de toucher le sol. Ce qui fait que vous aurez tout le temps de vous faire descendre comme un pingouin avant que cette foutue arme ne touche le sol (généralement en loupant sa cible comme une merde). Bien sûr, en baissant l'altitude on réduit ce temps, mais on réduit de ce fait le temps que prendront les obus sol/air à vous atteindre. Résultat: on vole haut et on tente de larguer ses bombinettes sur un minuscule pont.
-Celle vue de derrière, comme dans les combats aériens. Ouaip, la maniabilité est toujours aussi exécrable, et le fait que le rase-mottes est quasi obligé m'arrache des larmes de frustration. Bon ben on va ignorer les ordres de la mission et voler bien haut.
Après ces missions, soit vous serez mort, soit vous aurez loupé la cible. Dans cette dernière éventualite, ne vous en faites pas! Le jeu vous accordera une seconde chance à laquelle vous aurez tout le loisir de vous louper aussi. Si c'est le cas (et ce SERA le cas), on vous congratulera avec l'un des écrans les plus audacieux et cultes que j'aie jamais vus dans un jeu vidéo:


J'espère que vous êtes fier de vous!
Votre mauvaise performance vous a accordé une retraite deshonorable.
Retournez dans l'trou dont vous venez.
Et que je ne vous y reprenne plus à violer des canards.
(ok y'a un passage que j'ai mal traduit)

J'ESPERE QUE VOUS ETES FIER DE VOUS! En gros le jeu nous dit qu'on est vraiment des merdes pour avoir loupé leurs cibles quasi impossibles à détruire (que ce soit par la difficulté ou le manque d'intérêt). Et ça compte comme si votre personnage était mort! Merci les gars, j'avais vraiment envie qu'on m'insulte après avoir insulté ce qui me restait de foi dans les jeux vidéos après avoir essayé cette pathétique excuse pour un simulateur de vol.
En plus, je me demande vraiment si l'on vire aussi facilement de l'armée des pilotes entraînés et capable de donner leur vie pour leur patrie. En fait, je soupçonne le Sergeant (ou Général, ou Lieutenant, ou Gros Connard, j'en sais rien) de vouloir discrètement virer tous ces incapables de sa base et de mener une vie paisible au milieu des lapins et des carlingues d'avions détruits. Ou alors il travaille pour les services sociaux et fait en sorte de raccourcir votre temps de jeu pour que vous puissiez vous en sortir après.
Ah mais je ne vous ai toujours pas parlé de la cerise sur le gâteau! Si par hasard vous réussissez à finir une mission convenablement et pouvez rendre votre pilote à peu près habile (enfin comparé à un chimpanzé, on dira), si il meurt, vous devrez obligatoirement vous faire la suite du jeu avec le reste de vos merdes. Dans le même esprit, une mission échouée (par mort ou par I HOPE YOU'RE PROUD) ne peut pas être rejouée. Le jeu zappe directement à la suivante, qui est en général plus difficile. Cool les gars! Si un de mes bons pilotes s'éclate en combattant deux avions ennemis, je suis super certain que le pire malade mental de mon hangar tiendra longtemps le coup contre les trois appareils ennemis qui suivront! Au moins, ils ont réussi le pari de faire un jeu réaliste sur la Première Guerre Mondiale: y'a beaucoup de gens qui meurent. (ou sont DISMISSED, mais c'est une autre histoire).


Une version plus gentille car non fatale au pilote du I HOPE YOU'RE PROUD OF YOURSELF.
Je n'ai pas le courage de la traduire, mais je crois qu'il est question de canards.

Comme conclusion, j'aimerais vous présenter l'analogie suivante: il parait que si l'on réunit un million de singes et qu'on leur donne à chacun une machine à écrire, et qu'ils tapent des lettres au hasard à longueur de journée, éventuellement l'un d'entre deux fera la suite de lettres correspondant à une phrase de Shakespeare. Moi je vous propose la théorie suivante: si l'on réunit une dizaine de singes cancres en phase terminale d'Ebola devant un kit de programmation SNES, on obtiendra Blazing Skies. Bien sûr, il y a pire ("Bebe's Kids"...brr..), mais la pure combinaison des contrôles exécrables, des graphismes en brun délavés, des objectifs de missions lourdingues, des avions qui ont des spasmes et des lettres de renvoi colorées provoquent une douleur spécifique chez un joueur que des années de thérapie ne pourront calmer. Amateurs de simulation d'avions, quand vous verrez un PC ou une console Next Gen, embrassez-là, car elle a le hardware nécessaire de faire tourner correctement un jeu de ce genre. Quand à Blazing Skies, il faut le garder quand même à l'esprit, comme souvenir d'un passé inoubliable mais très douloureux, et dont lequel on ne veut surtout plus entendre parler.

Tiens, en fait il est exactement comme la première guerre mondiale!
DISMISSED!


Oh. Il est mort. Une minute de silence pour lui, SVP.
(je parle du joueur qui a pris les screenshots)

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