Yugioh: Duelists of the Roses

 


La boîte est jolie. Voilà, j'ai énuméré toutes les qualités du jeu!

Une des règles les plus importantes en daubologie a toujours été le fameux "Si le jeu est une adaptation d'animé ou de série, c'est une daube." Bien qu'il y aie des exceptions, cet adage a été respecté des débuts de la NES jusqu'à nos jours. Que ce soient les immondes DBZ sur Game Boy Advance (avec Goku qui tue des loups), les jeux de baston One Piece qui ressemblent à Smash Bros. mais en moins bien, les jeux Simpsons (argh..), le jeu Iria sur SNES (ARGH!) ou encore l'adaptation du film d'animation Bebe's Kids (AAAARRRRGH!!), ils tombent tous dans l'application de la règle norgique sus-mentionnée.
Yugioh, par contre, est une licence qui est si facile à adapter en jeu que seul Cryo pourrait possiblement se louper. Et pour cause: le jeu existe déja! La série étant basée sur un jeu de carte qui existe également en TCG en dehors du monde animé, il suffit d'adapter correctement ce dernier pour en faire un jeu sympa. Konami, heureux possesseur de la licence, a compris cela et nous a pondus des jeux Yugioh assez excellents sur GBA (oublions l'incompréhensible "Dungeon Dice Monsters" un instant). En gros ils proposaient de jouer au jeu de cartes tel quel, ce qui est ma foi assez prenant. Le seul défaut de ces jeux est qu'ils sont moches, n'ont aucune histoire, et sont aussi attrayants qu'un programme de comptabilité. Enfin, au moins le jeu est là, c'est déja ça.
En développant une version PS2 de Yugioh, la recette semble toute prête: Ce serait l'adaptation du jeu de cartes avec les monstres en 3d, avec peut-être un mode "histoire" dans l'univers de la série. Facile et sans prise de tête, quoi. Mais malheureusement, lors du meeting des développeurs chez Konami, le chef du projet leva la main et fit la proposition suivante: "BUJUJUJU WHY NOT MAKE SHITTY GAME WITH CASTLES?". En ces quelque mots, le sort de Yugioh PS2 fut scellé. Le résultat est assez troublant...

Déja, commençons avec l'histoire du jeu. La bonne nouvelle c'est que y'en a une (wow), contrairement aux versions GBA. La mauvaise c'est qu'elle est à Yugioh ce que "La planète des Ewoks" est a Star Wars. Yep, essayez de repérer les différences:

Animé: Un jeune garçon nommé Yugi (et habillé presque comme le Gimp de Pulp Fiction) découvre un puzzle millénaire qui fait resurfacer en lui une seconde identité mystérieuse. Au cours de la série, il s'inscrit à des tournois de cartes et affronte amis et ennemis pour diverses raisons.

Jeu: (prenez la voix d'un des annonceurs d'Arte) Au beau milieu du Moyen Âge, la guerre entre la France et l'Angleterre fait rage (probablement car ils ne s'affrontent qu'à coup de duels de cartes). Les Français désirent mettre leur roi Henry Tudor (alias Yugi) sur le trône alors que les Anglais (menés par Kaiba "Rosenkrantz" Seto) veulent y placer un des leurs. Un magicien idiot invoque un duelliste du futur (le joueur) qui devra prendre part à la guerre dans un des camps... en jouant au cartes avec des règles "spéciales" (à prendre dans le sens "spécialement chiantes").

Euh.. c'est quoi cette histoire? Franchement je sais pas à quoi pensait Konami quand elle a été développée! Résultat net des courses, l'ambiance du jeu est "médiévale", et donc sans aucun rapport avec l'animé de base! Les personnages sont tous tirés de la série (comme Anz--euh "Tea" et "Joey") mais ils redesignés pour être Français ou Anglais. La seule consolation c'est qu'on peut être dans le camp de "bad boy" Kaiba. Il faudra juste ne pas penser au fait que son vrai nom dans cette époque est "Rosenkrantz".

 

Graphiquement, le jeu est encore bien sympa... enfin tant que l'on reste en phase de scénario. Là, ce sont des personnages statiques qui parlent via du texte, comme dans un bon jeu hentai de seconde zone. Par contre, si vous faites l'erreur de commencer un duel au lieu d'éteindre directement la PS2, les terrains de jeu sont moches, confus et pauvres. Yop, tout ça en un coup! Les cartes en elle-même sont des pauvres scans pixellisés des vraies cartes! Et apparemment, Konami a semblé bon d'agrémenter la partie avec des effets de lumières rouges et blancs dès que vous bougez le curseur sur le terrain, ce qui transforme les séquences de jeu en sorte de disco des années 70 de mauvais goût. En plus, le tout manque de clarté: les cartent flottent sur les terrains (dont elles ne se distinguent pas toujours bien) et ne sont pas positionnées vraiment "dessus", ce qui peut amener à confusion. Rajoutez en plus des effets inutiles comme les petits monstres qui flottent en dessus des cartes, et vous verrez bien que dès le moment où chaque joueur met dans le terrain plus de 5 cartes, l'aire de jeu devient un joyeux foutoir (mais un foutoir avec des EFFETS DE LUMIERE!).
Dès que deux cartes s'affrontent, le jeu se pause et nous montre le combat épique entre les deux monstres. Là les graphismes sont mieux, ça passe de "monstruosité disco" à "jeu Dreamcast 1ère génération en moins bien animé". Les modélisations des monstres sont correctes sans plus, même si la plupart ont l'air plus minces et faibles que d'habitude, comme s'ils étaient anorexiques pour participer au prochain défilé de Calvin Klein. Néanmoins, ces animations de destruction sont longuettes et cassent le rythme déja anémique du jeu. Heureusement, on peut les supprimer dans les options, mais alors ça veut dire que le tableau moche de jeu sera présent les 100% du temps! SUPER!
La musique se la joue "médiévale", avec des mélodies d'église et des morceaux classiques au claveçin. Ouaip, voir un Double Headed Dragon éclater un Axe Raider dans une furie de flammes n'a jamais été aussi excitant que accompagné de musique que Louis XIII lui même n'aurait pas renié. Ok je rigole, ça casse toute l'ambiance du jeu.


Hum que vais-je faire.. ah je sais, jeter le DVD par la fenêtre.

Evidemment, toutes ces carences auraient pu être pardonnées si le jeu était aussi amusant que sur GBA, avec les règles du TGC. En quelque sortes, oui, le jeu est une adaptation de celui-ci. Simplement, ils ont rajouté quelques nouvelles règles qui sucent tout le fun du jeu comme Dracula suce le sang de jeune vierges.
Rien que l'introduction du jeu donne le doute sur la qualité de la suite: Quand on commence une partie, le jeu se lance dans une séquence "scénario" non interactive longue d'environ 30minutes pendant laquelle un certain Mac Mooran, magicien de son état, explique la situation politique du Moyen-Âge. Wow c'est euh.. épique, ou quelque chose comme ça. Voyant que le joueur s'endort devant sa diatribe, il pose alors une question piège: "VOULEZ-VOUS FAIRE UN DUEL D'ENTRAINEMENT?". Le piège est que si l'on répond "oui", le jeu balance un tutorial textuel aussi interactif qu'une présentation PowerPoint qui dure environ 2 heures minimum. Evidemment, Mc Mooran prend tout son temps pour nous expliquer les diverses règles du jeu, provoquant chez le joueur une envie profonde d'étrangler ce magicien de bas étage.
Après cet interlude de pure souffrance, il nous demande innocemment d'entrer notre nom puis de choisir un deck. Et c'est à ce moment précis que la fureur de Norg se déchaîne. Vous voyez, les decks disponibles sont aléatoirement choisis à partir d'une sombre manipulation de votre nom. Et, surprise!, les 90% des noms que vous pouvez entrer vous donnent les PIRE DECKS SUR TERRE avec des monstres qui vont parfois jusqu'à 1000 de puissance (et si vous n'avez pas de carte de changement de terrain dans le deck choisi, vous êtes MORT). Evidemment, sur le web se trouvent des exemples de noms qui donnent des cartes valables (notez que je n'ai pas dit bonnes), mais je remercie Konami de proposer à chaque joueur qui ne connait pas le truc d'être aussi pathétique que Shyogo dans le film.

Le jeu en lui-même reprend les cartes du TCG, mais le découpe en rondelles et le modifie pour en faire un monstre de Frankenstein destructeur de joueurs. Premièrement, le jeu se joue sur un gros terrain plein de cases (on pourra pas dire du jeu qu'il lui en manque une, malheureusement). Les cartes se déplacent dessus de 1 case (ou 2, si en terrain favorable au type) pour aller frapper celles de l'adversaire. Ensuite, le jeu inclut des "Deck Leaders" qui sont en quelque sortes les Avatar des joueurs: leur vie sont les LP du joueur, ils savent pas se battre et c'est par leur biais qu'on crée des monstres. Grâce à ces petits changements, le jeu originel rapide est transformé en sorte de jeu d'échecs en pire, avec des monstres qui avancent lentement pour aller se battre, ou qui se courent après de case en case. Prenez au moins 30 minutes par partie, même contre un adversaire faible, tellement ce système est lent et rémiscent du rythme d'un épisode de Derrick!
Autre règle modifiée est celle des fusions, qui devient super hasardeuse. La bonne nouvelle c'est qu'il n'y a plus besoin de carte "fusion" pour mélanger des monstres, il est possible d'en faire n'importe quand avec les monstres de sa main. La mauvaise, c'est que faut toutes les faire au hasard. Yep, les créatures fusionnés ne sont pas des cartes, et n'apparaissent qu'après une fusion effectuée. Le joueur est donc laissé SANS AUCUN INDICE de quel mélange de monstres donne quoi! La majorité de cas, la tentative de fusion va foirer comme un sort de Skuld et une des deux cartes (la plus précieuse, généralement) sera mise direct dans le cimetière. Simple, intuitif, et très mal implémenté.
L'ordinateur n'est pas très intelligent, il aime faire durer le match et fait quelque fois des décisions super idiotes. Du genre, je l'ai vu précipiter une carte puissante dans une zone crush (détruit les monstres forts) pour tuer une de mes plus mauvaises cartes. Konami a du s'en rendre compte, car ils ont "dosé" la difficulté en lui donnant des cartes 1000x trop puissantes, ainsi que l'avantage du terrain. Comme je l'ai dit ci-dessus, le joueur est quasi forcé d'avoir un deck de daube au départ, mais en plus les premiers adversaires qu'il affronte ont des cartes de malade à 2600, et se battent *par hasard* sur un terrain qui leur est toujours favorable. Ah oui, l'ordi à beau être pas très futé, il connait les fusions lui et ne manquera pas de les utiliser! Le jeu est donc très difficile, et non pas pour des raisons stratégiques, mais pour des raisons arbitraires.
Le dernier clou dans le cerceuil de ce jeu vient sous la forme du système de "Deck Capacity": chaque carte a sa propre valeur DC, et on ne peut défier un adversaire avec deck ayant un total DC plus haut que lui. Donc même si l'on tombe par hasard sur une bonne carte, eh bien BUJUJUJU il va falloir remplacer des autres bien par des merdes car sinon le DC sera beaucoup trop élevé! Dans le même élan, retourner vers les premiers adversaire pour avoir des cartes rares demande une refonte du jeu, car leur DC à eux est ridiculeusement bas. Le principe de "créez votre deck et que le meilleur gagne" de la version GBA est ici perverti, et pas dans un sens "Dragon Pink" de perverti hein.¨

Ah oui, y'a un mode où deux joueurs peuvent s'ennuyer avec les règles lourdingues de Duelists of the Roses, mais il faut deux memory card pour y accéder. De même, on ne peut sauver qu'une partie par Memory Card (enfin bon on ne sauvegarde que des decks à chier alors c'est pas grave).
Au final, ce jeu semble donc crée pour frustrer et ennuyer le joueur, un pari qu'il remporte haut la main (si le DVD avait des mains). Heureusement que Norg vient rendre visite chez Konami de temps en temps, sinon nous aurions été privé d'une expérience aussi marquante.


Ca ne se voit pas sur l'image, mais il détruit des DVD de "Duelists of the Roses"

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