"Vous avez Megaman X6?"
"Non, pas reçu."
"Euh et le X5?"
"Seulement sur PSX Européenne"
"J'ai une américaine, ça veut dire que pour y jouer je devrais
modifier ma console quasi morte?"
"Ouaip."
Saloperies de magasins de jeux vidéos... J'allais
abandonner quand le vendeur comprit mon mécontentement, et me montra
un rayon du doigt en me lançant "Mais on a reçu ça
en américain. C'est un RPG très bien, un peu moche sur les bords,
mais qui vaut la peine pour quelqu'un qui sait passer outre les graphismes".
Le jeu en question s'appellait Dragon Warrior VII (que je vais désormais
appeller par sa dénomination japonaise, Dragon Quest VII, passke ça
fait plus HaRdKoReZ).
Je réfléchis un instant. Humm... devrais-je dépenser mon
argent pour autre chose qu'un Megaman? Finalement les deux sont un peu pareils:
ce sont les descendants d'anciennes séries qui ont débuté
sur la NES, et qui ont les deux très peu évolué au fil
du temps. Droit dans mon allée, quoi!
"Bon je le prends alors!". Ce sont sur ces mots que mon destin fut
scellé. (enfin pas vraiment, mais ca fait dramatique.)
Je vais être objectif. La première
chose qui frappe en commençant le jeu (outre le fait que le héros
n'a pas de nom donné, ce qui laissera aux gens inimaginatifs le choix
de l'appeller "Songoku" ou "Squall", pour ma part, je l'ai
nommé "Dash. Déformation professionnelle sans doute.) sont
les graphismes. C'est assez, voire très, voire totalement moche. Dragon
Quest n'a jamais été une série qui a brillé par
sa réalisation technique (hello, les héros qui ont 2 frames d'animation!)
mais lors du passage à la 3d, la laideur de celle-ci en est décuplée.
Franchement, lors de ma première prise de contact avec la chose, je me
demandais pas si un petit malin avait échangé le jeu avec une
version PSX de Runescape: Y'a des immenses pixels de
chez pixel, le bord des cartes est noyé dans un beau dégradé
bleu , les personnages sont des sprites qui "smurfent" sur les surfaces
en 3d et les objects sont des sprites qui n'ont qu'une seule face, et donc ils
tournent en même temps que la caméra.
Pour parfaire un peu le tout, celle-ci est entièrement manuelle, et les
maisons sont disposées de façon à ce que l'on ne voit pas
tout en gardant le même angle de vue, genre un coffre ou une porte toujours
cachée par un mur. Il faut donc faire tout tourner dans tout les sens
pour tout explorer! Le plus marrant c'est que quand on change l'angle de vue
dans une maison, ça change aussi celui dans la carte principale du village,
donc faut bien connaître ces derniers pour pas se retrouver bêtement
au début...
A part ça, les environnements en eux-même sont bien faits. Malgré
leur apparente mocheté, ils sont divers et ont chacun leur petite atmosphère
désuette qui fait plaisir à voir. Bah vi, dans Dragon Quest, désuet
est un adjectif pas péjoratif du tout, au contraire!
Alors que Final Fantasy se lance à grand coups de cinématiques
dans le *full entertainment* avec des histoires épiques, des personnages
avec un passé mystérieux et des réflexions philosophique
qui peuvent sembler profonde pour quelqu'un qui n'a jamais lu de sa vie, Dragon
Quest VII propose un retour au sources du RPG console, tout en y apportant un
scénario du calibre d'un RPG d'aujourd'hui.
Au début, votre personnage vit paisiblement sur l'ile d'Estard (à
pas confondre avec Esthar, la ville Imac), qui, semble-t-il, est la seule au
monde. Malgré de nombreuses expéditions maritimes, on a jamais
trouvé d'autre continents, d'autre cultures ni rien. Il semblairait que
Estard est au milieu d'un vaste océan infini. Un peu tristounet n'est-ce
pas? L'introduction du scénario (qui dure déja 3h de jeu, même
si il n'y a aucun combat!) nous fait donc découvrir ce petit monde qui
se connait très bien, faute d'avoir autre chose à faire. Quelquechose
que Dragon Quest VII fait très bien dans ce domaine est de donner un
véritable petite personnalité au moindre habitant de l'île:
à chaque évènement que j'ai fait, même minime, ce
que disent les NPC change. Cela peut sombler inutile, mais je me suis surpris
à visiter les villages en entier plusieurs fois pendant cette même
intro, pour voir ce que tout le monde pensait de la situation actuelle. En ce
sens, les caractères des personnages sont très marqués
(même si un peu clichés), ce qui nous attache rapidement à
ces petits blobs de pixels.
Après quelques heures de crapahutage (et après une visite du temple
des puzzles chiants), l'histoire se met vraiment en route. Il semble que si
Estard est seul au monde, c'est parce que les continents voisins ont tous été
annihilés d'une façon où d'une autre dans le passé.
Votre mission, si vous l'acceptez, est de remonter dans le temps et
d'empècher ces cataclysmes d'arriver (genre buter des monstres avant
qu'ils ne détruisent une civilisation, tout ça quoi.). Ce qui
est excellent dans ce concept, c'est que chacun de ces petits continents se
joue comme une sorte de mini-quête, avec son monde, ses personnages importants,
et ses problèmes. Et non seulement on les sauve d'une destruction certaine,
mais en le faisant, on les fait apparaître dans le présent, où
on peut les visiter, et constater comment il a évolué entre notre
action passée et maintenant, avec quelquefois des petites surprises à
la clé.
Ce que le jeu fait très bien aussi, c'est de balancer les aspects dramatiques
et comiques du scénario, et il ne se passe pas un drame sans qu'il y
aie quelquechose qui nous fasse sourire dans le même endroit. A ce titre,
ce n'est pour une fois pas de la traduction américaine dont on rira,
car elle est très bien réalisée, et on rit avec elle, et
pas sur elle.
Oui mais, oui mais, vous me direz, et les combats?
Et ben là c'est légèrement moins la fête, enfin ça
dépend dans quel sens vous le prenez: DQVII est l'antithèse du
renouveau du gameplay. Cela signifie donc que les combats se contentent du minimum
syndical graphique: on ne voit pas ses personnage, juste des menus moches et
les ennemis (par contre les ennemis sont bien animés, même si ils
n'en ont généralement qu'une, d'animation). Cela se sent aussi
sur le gamplay et surtout sur la difficulté du jeu, si dans un Final
Fantasy vous pouvez faire le forcing avec souvent beaucoup de succès,
dans DQVII foncer comme un malade vers le prochain temple vous mènera
irrémédiablement à la mort. Il faut donc passer une bonne
partie de son temps à faire des tours sur la carte pour faire monter
ses personnages de niveau, afin qu'ils soient compétitifs pour la suite,
et afin d'acheter la super belle armure que vous avez vue dans le magasin juste
à côté. Seulement, elle est à 700.-. Et vous gagnez
19.- par troupe d'ennemis (avec de la chance). Gasp. Et il vous en faut une
pour tous vos personnages. GASP.
Ajoutez à cela une myriade de procédés archaïques
que tout le monde avait oublié sauf Enix (chaque personnage à
SON inventaire limité, y'a pas d'objects pour récupérer
des MP(!), y'a pas d'objects pour faire revivre un personnage passke faut le
faire à une église du village, les sorts acquis n'ont AUCUNE description
à part sur l'écran de combat en eux-même, il faut (encore!)
aller à l'église pour savoir combien de XP vous reste avant de
passer au prochain niveau... et encore là je cherche pas vraiment) et
vous obtiendrez un jeu qui ne s'addresse qu'au joueurs qui en veulent, qui ont
déjà finis (et apprécié) des jeux aux combats chiantissimo
(j'ai des souvenirs d'Earthbound qui me reviennent là...aahh..),
qui sont près à passer des heures et des heures à tourner
autour du même putain d'arbre pour atteindre le niveau 30. Donc pas tout
le monde. Débutants et impatients s'abstenir!
Il existe aussi daans DQ7 un système de classes de personnages me semble-t-il
assez poussé, mais je n'ai pas encore été assez loin dans
le jeu pour en profiter (c'est dans 20h de jeu paraît-il), donc je vous
ferai un addendum à cet avis quand ce sera clair et limpide pour mon
esprit.
Au final qu'est-ce que ça donne? Ben ça donne un jeu très sympa, mais légèrement handicapé par son obsession de *refaire la NES comme au bon vieux temps*, que ce soit graphiquement ou au niveau des combats. Ce qui est dommage, c'est que justement à cause de cela, beaucoup de joueurs qui, contrairement à moi, ont une vie sociale, le bouderont, alors que le travail scénaristique et tout simplement ludique qu'Enix nous a fourni est excellent. Donc si vous aimez les RPG, que les graphismes ne vous sont pas importants, que vous avez du courage, et que Final Fantasy c'est un truc de sale casual qui sait pas ce que c'est un vrai jeu vidéo, foncez, vous avez ma bénédiction!